Jamii ni Afya à Zanzibar

A propos du projet

A Zanzibar, trop de femmes et d’enfants sont en mauvaise santé ou meurent prématurément à cause de barrières tenaces qui les empêchent d’obtenir les soins dont ils ont besoin. Les technologies numériques ont le potentiel sans précédent de surmonter ces barrières et d’améliorer l’accès et la qualité des services de santé essentiels aux Zanzibaris. En ayant tiré des leçons durant plus d’une décennie de mise en œuvre avec des technologies numériques pour soutenir le personnel de santé en première ligne et améliorer de manière significative les résultats de santé, le Ministère de la Santé de Zanzibar a lancé Jamii ni Afay (« La Communauté c’est la Santé »), un programme de santé communautaire numérique complet, dirigé par le gouvernement qui met en relation les familles, les bénévoles en santé communautaire et le système de santé pour s’assurer que tout le monde a accès aux services de santé essentiels.

En août 2021, Jamii ni Afya a atteint une échelle nationale complète, apportant des soins de santé numériques à chaque foyer et faisant de Zanzibar l’un des premiers exemples d’un système de santé communautaire numérique dirigé par le gouvernement atteignant une échelle nationale dans le monde entier. Le programme a été inscrit dans la politique nationale et le gouvernement s’est fermement engagé à l’institutionnaliser et à le maintenir en tant qu’élément essentiel du système de santé dans son ensemble, servant ainsi de modèle aux gouvernements qui cherchent à développer des programmes similaires dans le monde entier.

Jamii ni Afya formalise le rôle du personnel de santé communautaire — appelé bénévole en santé communautaire (BSC) à Zanzibar— et leur met des outils numériques à disposition pour offrir une orientation étape-par-étape pour assurer des soins de qualité supérieure, standardisés et basés sur les protocoles gouvernementaux, la collecte des données automatisées et faire le lien entre les références faites dans la communauté et les établissements de santé primaire. Puisque les besoins en soin d’un patient évoluent, les BSC reçoivent des conseils sur mesure pour offrir les soins les plus appropriés et personnalisés possibles. Pour les superviseurs des BSC, Jamii ni Afya prodigue des informations importantes pour surveiller et améliorer les performances du personnel de santé et la couverture des services de santé. Au niveau national, les données agrégées du système aident également le Ministère de la Santé à prendre des décisions avisées basées sur une compréhension en temps réel de l’état de la santé communautaire.

Avec un système numérique complet qui met en relation les communautés, les établissements de santé et le système de santé national, Jamii ni Afya aide les femmes à accoucher dans des centres de santé avec des accoucheuses qualifiées, crée un système d’orientation efficace pour que les mères, les enfants et les adolescents reçoivent des soins en temps voulu et aide les parents et les personnes qui s’occupent des enfants à créer un environnement familial favorable pour les jeunes enfants – autant de changements qui, nous le savons, peuvent sauver des vies et améliorer le bien-être de milliers de personnes chaque année.

Maintenant que Jamii ni Afaya fonctionne à l’échelle nationale complète, le gouvernement s’est engagé à s’approprier entièrement le programme sur le plan financier, programmatique et technologique. D-tree travaille main dans la main avec le gouvernement pour encourager une transition douce et efficace, en renforçant la capacité des parties prenantes gouvernementales aux niveaux communautaires, régionaux et nationaux. Afin de soutenir l’appropriation totale de Jamii ni Afya par le gouvernement, D-tree et le Ministère de la Santé de Zanzibar se sont associés pour développer un plan de transition qui documente des étapes claires sur une période de quatre ans dans les domaines de la viabilité financière, de la gestion des programmes et des opérations, et de la gestion de la technologie et des données.

L’Organisation mondiale de la santé estime que des services de soins de santé primaires (SSP) de qualité supérieure dispensés au niveau de la communauté et au niveau le plus bas des établissements de santé peuvent répondre à 80-90% des besoins de santé au cours de la vie d’une personne (OMS, 2018). Cependant, à Zanzibar, ce potentiel a sérieusement été entravé par un système SSP en sous-régime et fragmenté, ce qui a limité la progression vers la couverture sanitaire universelle.

Les facteurs de l’offre et de la demande ont permis à ce problème de persister, ce qui affecte considérablement les populations privées de leurs droits – en particulier les femmes et les jeunes. Les Zanzibaris n’ont pas accès à des services SSP de qualité au niveau de la communauté et des établissements, les idées fausses sur les soins de santé sont courantes, et les femmes et les jeunes n’ont qu’un pouvoir de décision limité en ce qui concerne leurs propres soins de santé. Du côté de l’offre, le personnel de santé primaire n’a qu’une formation et une supervision limitées et, bien souvent, ne suit pas les protocoles standard ou ne propose pas de soins personnalisés.

De plus, lorsque les personnes sont orientées entre la communauté et l’établissement de santé, il n’y a pas de coordination ou de suivi, ce qui se traduit souvent par des soins incomplets et une perte de suivi. Pour finir, le manque de données et de transparence concernant la prestation des services de santé, les résultats sanitaires et l’expérience des clients lorsqu’ils cherchent à se faire soigner entrave la prise de décision fondée sur des données probantes et la supervision efficace qui, autrement, pourrait conduire à des améliorations tangibles.

Ces défis au niveau du système ont provoqué des résultats sanitaires graves. A Zanzibar, une femme sur 33 meurt à cause de complications maternelles (MOHCDGEC et al., 2016). Un enfant sur cinq est physiquement rachitique et un sur dix connait des retards de développement significatifs (MOHCDGEC, 2018; Nelson et al., 2019). S’attaquer à ces défis, ainsi qu’à d’autres, est une disposition impérative des objectifs de développement durable, en particulier de l’objectif 3 : « Garantir des vies saines et promouvoir le bien-être pour tous et à tout âge », ce qui comprend l’amélioration des taux de mortalité maternelle, d’accouchements assistés par du personnel qualifié, et des taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans et de mortalité néonatale.

Jamii ni Afya transforme la manière dont les gens peuvent accéder aux soins en mettant en relation chaque foyer avec les bénévoles en santé communautaire dans le premier programme au monde de santé communautaire numérique, dirigé par le gouvernement à une échelle nationale complète. 90% de la population de Zanzibar s’est inscrite au programme. Intégrée à la politique nationale par son inclusion dans la stratégie nationale de santé communautaire 2019-2025 du Ministère de la Santé, la solution a été pleinement approuvée par le Président et le Ministre de la Santé et contribuera à la mise en œuvre de l’assurance maladie universelle et d’autres services financiers. La richesse des données a généré deux initiatives importantes :

1. la mise en place d’une gouvernance nationale des données de santé numérique afin de garantir une utilisation appropriée des données, et
2. l’exploitation des données pour améliorer les résultats des services de santé (par exemple, l’identification des grossesses à haut risque) et les performances du personnel de santé.